CHARLIER JEAN-MICHEL
Jean-Michel Charlier (1924-1989) fut un de nos plus grands scénaristes de bandes dessinées d’aventures et, sans doute, l’un des plus prolifiques. Parallèlement, il fut aussi dessinateur, journaliste et responsable de structures éditoriales.
Né le 30 octobre 1924, à Liège (Belgique), il décroche son doctorat en Droit et trouve l’occasion de se faire embaucher, en 1944, comme dessinateur à la World’s P. Press : une agence fournissant des bandes dessinées aux éditions Dupuis, et en particulier à l’hebdomadaire Spirou.
Il collabore souvent avec le dessinateur Victor Hubinon, avec lequel il reprend, entre autres, la série d’aviation Buck Danny, après une dizaine de pages, en 1947. Il fut d’ailleurs pilote professionnel de 1948 à 1951, et l’expérience acquise lui a permis de mettre en scène le monde de l’aviation, tant dans ses scénarios de bandes dessinées ou de téléfilms, que dans ses articles et reportages.
Également passionné par la mer et les bateaux, on lui doit aussi, dès 1949, une biographie romancée de Surcouf, toujours avec Hubinon.
En 1950, le dessinateur Jijé lui conseille d’abandonner le dessin pour ne se consacrer qu’au scénario. Les séries et les collaborations se multiplient alors.
Parmi les plus célèbres : Les Belles Histoires de l’Oncle Paul avec Eddy Paape, Jean Graton, Dino Attanasio, MiTacq… (à partir de 1951) ; la reprise de Jean Valhardi avec Paape (1951) puis Jijé (1957), Kim Devil avec Gérald Forton (1953), La Patrouille des Castors avec MiTacq (1954), Jean Mermoz, chevalier du ciel avec Hubinon (1955), Thierry le chevalier avec Carlos Laffond (1957), Marc Dacier avec Paape (1958) … Sans oublier la conception de plusieurs centaines de jeux pour « Le Coin des dégourdis » illustré par Paape à partir de 1952.
En 1953, Jean-Michel Charlier se marie avec Christine Lagarrigue, mannequin chez des grands couturiers, et deviendra père de famille dès l’année suivante.
Auparavant, il fournit des scénarios pour l’agence International Press, à l’instar de Belloy avec Albert Uderzo replacé dans le quotidien belge « La Wallonie » (1951) ou de nouvelles créations pour « La Libre Belgique » et son supplément jeunesse hebdomadaire « La Libre Junior » : Tiger Joe (encore avec Hubinon, en 1950) ; et quelques séries humoristiques (Fanfan et Polo avec Attanasio en 1950 ou Alain et Christine avec Martial en 1953) : un genre qu’il n’abordera que très rarement.
N’oublions pas ses participations aux autres publications des éditions Dupuis comme l’hebdomadaire de programmes radio et télévision Le Moustique, le magazine féminin Bonnes Soirées ou encore l’éphémère Risque-Tout.
En 1956, avec ses amis René Goscinny et Albert Uderzo, il rédige et signe une charte pour la défense des auteurs de bandes dessinées. Mis à l’écart par leurs employeurs, ils fondent ensemble leur propre société (ÉdiFrance/ÉdiPresse) qui sera contactée, en 1959, pour créer le magazine Pilote.
Jean-Michel Charlier y scénarise diverses séries avec des personnages plus célèbres les uns que les autres : les pilotes Tanguy et Laverdure (avec Uderzo, puis Jijé à partir de 1966), le pirate Barbe-Rouge (avec Hubinon), le randonneur Jacques Le Gall (avec MiTacq), le reporter Guy Lebleu (avec Raymond Poïvet, en 1961) et surtout le lieutenant Blueberry (1963), un western dessiné par Jean Giraud qui sera l’un de ses plus grands succès.
En 1963, il devient corédacteur en chef de Pilote (avec René Goscinny) mais, après mai 1968, le magazine, comme la société, est en pleine mutation : les thèmes traditionnels chers à Charlier n’y ont plus tellement leur place.
Ses principales séries vont d’ailleurs finir par être publiées ailleurs : dans le journal Tintin (dont il devient, entre 1976 et 1977, le directeur de la rédaction de l’édition française), dans le nouveau magazine Super As et aux éditions Novedi ou aux Humanoïdes associés (Alpen Publishers).
Il propose toutefois quelques nouvelles séries comme les westerns Jim Cutlass (avec Giraud en 1976, puis Christian Rossi en 1990) ou Los Gringos (avec Victor de la Fuente, en 1979) et amorce de nouveaux projets de collaborations ou de revues de bandes dessinées qui, hélas, n’aboutiront pas.
Dans le même temps, dès les années soixante, la télévision lui ouvre ses portes et il scénarise l’adaptation de Tanguy et Laverdure en feuilleton télévisé, sous le titre Les Chevaliers du ciel. Il continuera sur sa lancée en participant à de nouvelles saisons de cette série et en écrivant d’autres feuilletons, ainsi que des documentaires où il passera en revue les grandes affaires du vingtième siècle à coups de témoignages et de documents-chocs (Les Dossiers noirs en 1975, Les Grandes Enquêtes de TF1 en 1981 ou Services secrets en 1989), dont certaines paraîtront également sous la forme de livres. Ceci jusqu’à son décès prématuré le 10 juillet 1989, à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine).
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